Les Francos Juniors ont attiré petits et grands tout au long du festival. Samedi, c'est Pascal Perroteau et son spectacle musical " ça m'énerve" qui fermaient la danse. Suite à ses deux représentations, l'équipe des Francos Reporters a pu entrer dans son univers ...

InZeFrancos : Bonjour Pascal ! (ressortant tout juste d'une séance d'autographe)

Pascal : Bonjour à vous !

InZeFrancos : Alors, dites-nous, comment s'est déroulé votre spectacle ? Vous êtes content de vous et de votre équipe ? 

Pascal : Ce n’était pas bien ... Non je rigole c'était super ! Il y avait une légère différence entre la séance de ce matin et celle de cet après-midi. Cet après-midi, il y avait moins de monde déjà, et le public était moins réactif.  Peut être parce qu’il y avait des enfants plus grands, contrairement au matin où il me semblait qu'il y avait beaucoup plus de petits. Mais voilà, c'était bien quand même !

InZeFrancos : Est-ce que le titre de votre spectacle qui est, rappelons-le, "ça m'énerve", s'inspire du hit de l'été dernier  

Pascal : Nous nous en sommes aperçus après ! Le titre "ça m'énerve", c'était un pur hasard. D'ailleurs, il n'y aucune chanson du spectacle qui s'intitule "ça m'énerve". C'est vraiment l'ensemble du spectacle que l'on appelle comme ça.

InZeFrancos : Vous faites de la chanson pour enfants. Ne seriez-vous pas atteint du syndrôme de Peter Pan ( ndlr : vouloir rester enfant) ? 

Pascal : C'est pas mal comme question parce qu'il y a bien un peu de ça. Quand j'ai commencé, c'était pour les enfants bien sûr mais surtout pour raconter mes souvenirs d’enfance . Donc est-ce que c'est le syndrome de Peter Pan, cette volonté de ne pas vieillir, je ne saurais vous dire ... En parallèle je fais des chansons tout public , et ce sont vraiment deux choses différentes. C'est exigeant les enfants car ils ont tendance à décrocher très vite, à être toujours dans l'attente. On doit toujours les nourrir car au bout de 20 secondes, si ça ne les intéresse pas, ils décrochent. Mais pourquoi je fais ça, c’est peut être grâce à mes trois enfants ; j'ai commencé à écrire pour eux. Une fois, j'ai écrit un poème à mon fils pendant une tournée, et lorsque je l'ai relu en rentrant, j’ai voulu le mettre en chanson. Aujourd’hui pourtant, je n'essaye plus trop mes chansons sur mes enfants car ils sont grands. Mais ils écoutent et ils ont un oeil attentif sur ce que je fais. 

InZeFrancos : Au travers de vos chansons, vous abordez des thèmes divers et variés comme l'écologie ou bien la "bagarre" : est-ce une manière détournée de prévenir les enfants des choses de la vie ? 

Pascal : C'est l’une des principales différences par rapport aux spectacles pour adultes : je ne peux pas aborder tous les thèmes. C'est pourquoi, après avoir démarré avec les enfants, je me suis étendu aux adultes afin de couvrir plus de sujets. Heureusement pour moi, je ne suis pas atteint que du syndrome de Peter Pan, je milite aussi pour d'autres choses.

Sinon, mes chansons ne sont pas vraiment créées pour faire de la prévention. C'est plutôt un défoulement, le plaisir de l'interdit. On n'a pas le droit de se battre par exemple,  et pourtant il existe un certain plaisir à se bagarrer. Je me tapais dessus avec mes copains quand j'étais plus jeune, mais on était copain quand même.J’ai pourtant une morale, mais les enfants n'ont pas des entrées uniques, c’est pourquoi j’aborde pleins de sujets.  

InZeFrancos : Vous cherchez plutôt à raconter leur vie, non ? 

Pascal : Oui, on raconte les petits aléas de la vie enfantine afin qu'ils se reconnaissent dans les chansons. Raconter le quotidien qui peut se transformer en irréel, par exemple lorsqu'ils jouent avec un petit bonhomme : c'est du réel mais ils savent que c'est aussi du plastique.  

InZeFrancos:  Dans vos chansons, on peut reconnaître plusieurs genres musicaux : est-ce une volonté ou un pur hasard ? 

Pascal : Absolument pas, je refuse cette idée de chansons pour enfants où il faut obligatoirement intégrer un tango, une valse... Pour moi, ce n'est pas de la pédagogie. Je fais de la pédagogie aussi mais ce sont les mots de mes chansons qui m'amènent vers un genre de musique. Les chansons se font comme ça, avec mes deux autres musiciens qui viennent du jazz et du chant grégorien. Ils ont une culture musicale très large, et ils font part de leur univers et de leur savoir dans ce spectacle. C'est un choix instinctif de la musique. J'ai toujours écrit mes paroles en même temps que mes partitions. Le texte guide la musique et vice versa.  

InZeFrancos : Nous avons vu que vous aviez joué dans des hôpitaux. Souhaiteriez-vous réitérer l'expérience dans d'autres lieux ou pour d'autres publics ? 

Pascal : Il n'y a aucune limite. J'ai joué dans des hôpitaux, dans des prisons... Je n'ai pas de souhaits particuliers. J'aime les rencontres, les salles à taille humaine comme dans cette Salle Bleue de la Coursive, où je peux entendre ce que chuchotent les enfants et réagir à ce qu'ils disent. Du moment qu'il y ait une rencontre ça peut être partout, avec tout le monde.

Scène de La Salle Bleue à La Coursive (c) Aubin.

InZeFrancos : Pendant votre spectacle, vous parlez des petits tracas de la vie quotidienne des enfants, qui se perpétuent sous des formes différentes à l'âge adulte. Quel est le tracas qui vous embête le plus aujourd'hui ? 

Pascal : En tant qu'adulte, des centaines de milliers de trucs. C’est très personnel, mais un de mes soucis c’est de ne pas me faire confiance, et de ne pas être dans la mesure de pouvoir faire quelque chose de bien. C'est l'enfermement qui m'énerve... Je suis engagé comme citoyen dans pleins de choses, je ne le divulgue pas dans mes chansons mais, je suis parent d'élève, je milite ... Par exemple le collège, en général c'est dur, des âges difficiles, c'est long, ils rentrent ils sont en sixième ils sont minuscules, et quand ils ressortent ils ont pris 15 cm... C'est gris ! Et je me bats pour que cela change !

Elise, Aubin et Aliénor