C'est au Casino que nous sommes allés à la rencontre du groupe Fumuj. Romain, Fred, et Pierre ont accepté de répondre à nos questions, accompagnés par l'interprète de leur paroles en langage des signes, la pétillante Laëti.

"Fumuj" en langage des signes (c) Laura

InZeFrancos : Donc ce soir vous avez prévu de faire un show multi-sensoriel . Est-ce que vous pouvez nous en parler, nous dire ce que c’est …

Romain : On a adapté notre concert, entre guillemets classique, avec des installations pour que les personnes sourdes puissent suivre un concert, que ça les fasse marrer et qu’ils ne s’emmerdent pas en fait. On a bossé sur des sensations de vibrations et sur le côté visuel avec des jeux de lumière pour avoir une lecture visible de la musique. Il y aura des sortes de ballons qui seront distribués et des cheminées en plexiglas dans la salle pour que le public ressente des choses. A côté de ça, tous les textes de Pierre sont traduits par Laëti en langue des signes internationale.

InZeFrancos : Comme vous hier, il y avait une interprète qui traduisait les paroles d'un artiste, Radikal MC, en langage des signes, c’est ce que tu fais Laëti ?

Laëti : Moi je fais des interprétations artistiques. J’essaye de m’immerger dans l’univers des artistes avec lesquels je travaille aussi bien sur le travail scénique, l’univers du groupe, les genres musicaux qu’ils veulent voir mettre en scène. Ici, c’était le travail autour des textes de Pierre qui était particulier. Je lui demande souvent pourquoi il a écrit ça ou ça. En plus, Pierre chante en anglais, et comme je suis une grosse têtue de l’égalité et qu’il n’était pas question que je traduise les textes en français, sinon il n’y aurait que les sourds et les anglophones qui auraient compris, j’ai travaillé la traduction avec la langue des signes américaines, la langue des signes internationale et beaucoup d’iconicités.

Fred : c’est rigolo parce qu’au niveau entendant, ça nous aide beaucoup de voir Léti signer en anglais. Car, si Pierre ne m’expliquait pas ses textes, je ne comprendrais rien, et de la voir signer comme ça, on comprend mieux le sens des paroles.

Romain : La langue des signes, on s’était dit que les entendants auront peut être plus de mal, mais pas du tout, ils nous disent que c’est carrément « mortel ». Comme le dit Fred ça rend les choses très lisibles. Conclusion : ça montre qu’il y a quelque chose à faire et que tout ça est cohérent.

InZeFrancos : Quelles ont été vos motivations pour ce projet ?

Fred : A chaque album, on prépare notre spectacle à l’Astrolabe à Orléans. C’est le directeur de cette salle qui nous a parlé du projet : faire un one shot pour les sourds et malentendants.

Romain : Au début on avait pas réfléchit à la question, surtout que, à priori, vraiment à priori, c’est un peu paradoxale de faire de la musique pour les sourds et malentendants. Et puis en rencontrant des gens, on s’est rendu compte qu’il y avait des choses à découvrir pour pouvoir les impliquer dans un concert ou dans le son ; et il fallait donc travailler avec les sens. En tant que musiciens, nous ça nous branchait, parce que ça veut dire travailler sur les vibrations, la vidéo, la lumière, et synchroniser tout ça avec le son. Il n’y a pas que la langue des signes et du tactile, ça englobe tout. Après c’est encore largement perfectible, mais il y a encore tellement de choses à faire.

InZeFrancos : Depuis combien de temps êtes-vous  sur ce projet ?

Romain : Ça va faire un an. Enfin, y’a un an on se posait des graves questions (rires), dans quoi on s’était embarqué...

Fred : Aujourd’hui en interview, on nous questionne beaucoup à propos de ce projet, et plus vraiment sur la musique initiale des Fumuj. Mais vous inquiétez pas, on est content de vous rencontrer !

Romain : Hormis Laëti, qui est une artiste qui apporte au show sa sensibilité. Les installations, on pourrait les passer à n’importe quel artiste, comme Aaron par exemple, ce serait le même vecteur pour les sourds et malentendants. Au départ on se disait qu’on allait se planter mais qu’au moins ça donnerait des idées à d’autres groupes. Tous les retours que l’on a, ça nous dépasse un peu, le fait d’adapter un concert pour tout le monde. Ça tombe bien parce que c’est la spécificité du spectacle : la musique pour tous.

InZeFrancos : Comment vous vous êtes rencontrés le groupe Fumuj et Laëti ?

Fred : et bien je cherchais une copine sur Meetic, et du coup ça n’a pas marché. (Rires). C’est par mon frère qui connait la pote qui est aussi la collègue de Laëti. Et un jour en tchatchant,

Laëti : BOUM. C’était vachement plus simple comme ça !

Fred : malgré le fait que l’on ne se connaisse pas tellement, le courant est plutôt pas mal passé, nous sommes aujourd’hui comme les doigts de la main.

Laëti : dés l’apéro on était d’accord !

InZeFrancos : Nous avons vus que vous aviez fait un duo avec Danny du groupe La Phaze sur votre album. Vous avez d’autres projets du même genre ?

Romain : On a des idées de création avec quelques uns mais pour l’instant …

Fred : On est en plein dans la tournée. On aimerait bien tourner à l’étranger, surtout en Allemagne : on mise tout sur ce pays ! On n’a jamais eu l’occasion de sortir du territoire, ce qui est un peu dommage avec un chanteur d’origine anglaise. Ce sera notre but de fin d’année, avec notre quatrième album.

InZeFrancos : Votre musique  avec le langage des signes : comment le définiriez vous ?

Romain : Tout d’abord, pour le groupe Fumuj, on puise notre inspiration dans des groupes divers tels que les Red Hot, les Beastie Boys, Daft Punk, Chemical Brothers... Nos inspirations sont diverses et variées. Ce que l’on aime par-dessus tout, c’est jouer sur les contrastes. On peut très bien faire des choses calmes comme des choses rentre-dedans. On aime bien le grand huit, les manèges à sensations même si on n’aime pas aller à la foire. Si on considère Fumuj comme de la musique à sensation, où l’on joue sur les sens, c’est pour montrer que l’on travaille toujours les extrêmes. Fumuj, c’est rock, electro, hip hop, c’est même plus que ça. On nous a quelquefois comparés à d’autres grands groupes : on a souvent dit que Pierre chantait comme Eminem.

InZeFrancos : C’est votre première fois aux Francofolies ?

Pierre, Romain et Laëti : Nous c’est notre première fois !

Fred : Moi j’y suis allé une fois, j’avais 14 ans. C’était à Saint Jean d’Acre pendant Jean-Louis Aubert. J’ai fait un malaise et du coup, j’ai été mis sur le devant de la scène. C’était OUAH.

InZeFrancos : Vous savez qu’il est passé mercredi soir ?

Fred : Oh non ! Cest pas vrai ! Et je l’ai loupé ! Je suis sûr que c’est un gars cool.

Aliénor et Solenne